Le lin s’immisce petit-à-petit dans toutes sphères du textile « responsable » . Impossible de nos jours d’ouvrir la page d’une marque de mode consciencieuse sans tomber sur un nombre grandissant de produits à base de lin. Cette fibre « miracle » serait un remède à la consommation de fibres non naturelles, elle serait écologique, biodégradable et robuste pour les tissus. Pourtant, nombres de consommateurs ont toujours du mal à passer le cap de l’achat d’une pièce à base de lin, et on ne parle même pas de celles en 100% !
Alors le lin est-il victime de sa réputation ?
Le lin a longtemps été assimilé aux tenues de villégiature, ces ensembles vestes-pantalons si caractéristiques des vacances au soleil. Ses propriétés notamment en termes de thermorégulation sont reconnues depuis des siècles et en font un des textiles privilégiés face aux fortes chaleurs mais aussi face au froid et aux aléas du temps - rappelons que les momies égyptiennes sont bandées de lin, nous permettant des siècles plus tard de retrouver des corps en état. Pourtant, alors que le lin était extrêmement utilisé jusqu’à la fin du XXème siècle, les récentes décennies l’ont délaissé au profit d’autres fibres nouvellement créées – les fibres artificielles notamment. Ce dernier serait trop froissable, un peu ringard et donc peu aisé à porter. Depuis quelques années pourtant, le lin semble retrouver ses lettres de noblesse et faire un retour appréciable. Le créateur Simon Porte-Jacquemus en fait d’ailleurs la matière centrale de son défilé automne-hiver 2020, nous rappelant par-là même que les propriétés thermorégulatrices du lin s’appliquent aussi au froid. Les collections des marques attentives à l’impact de leur production reviennent donc de plus-en-plus au lin. La fibre naturelle est utilisée pour sa robustesse, et on la mélange souvent à d’autres fibres comme le coton. On observe également une hausse du nombre de pièce en 100% non teintées, laissant place à la couleur naturelle de la fibre.
Le lin fait donc son come-back, et c’est tant mieux. Car cette fibre naturelle a de nombreux avantages. Sa production, dont la France est leader avec la Belgique (proche donc!), ne nécessite pas d’irrigation artificielle, mais se contente de l’eau de pluie – très présente dans le Nord, comme on le sait tous ! Il s’agit d’une fibre biodégradable, qui se teinte facilement à l’aide de teintures naturelles, évitant la création de micro-plastique liée à la destruction et l’utilisation de fibres artificielles ou teintées à l’aide de teintures non naturelles. La production de lin est bonne pour les sols, les champs sont des puits de carbone, et chaque partie de la fibre est dispatchée entre différentes utilisations – isolants techniques ou textile de maison par exemple. Car le lin est extrêmement durable en faisant une des matières les plus nobles. On retrouve encore aujourd’hui des linges de maison victoriens brodés datant des années 1800 en parfait état !
Le lin est donc une belle et bonne fibre qui fera bel-et-bien l’avenir de l’industrie textile. Ses propriétés en termes de robustesse et le peu d’externalités négatives sur l’environnement en font un des alliés de la filière. L’enthousiasme actuel pour le lin, qu’il soit du à son aspect brut et esthétique ou à sa durabilité permet de penser une industrie du long terme, plus pointilleuse et durable. Et pour la petite note de fin, on rappelle que si le lin est facile à froisser, il est aussi facile à repasser. Le lin aurait plutôt été victime des rythmes cycliques de la mode que de sa soi-disant mauvaise réputation...