Si l’archéologie de la mode reconnaît au carreau une existence millénaire, c’est vers l’Écosse qu’il faut se tourner pour aborder son histoire récente.
Dès le 19ème siècle, les fameux tissus « tartans » permettaient d’y reconnaître les différentes familles, dans une société qui reposait alors sur le modèle du clan.
Dans ce contexte, la couleur et la taille des carreaux facilitaient leur identification et fonctionnaient comme un véritable symbole d’appartenance.
Nous retrouvons la plupart d’entre eux dans l’Encyclopédie illustrée du tartan, publiée en 2004 par Iain Zaczek et Charles Phillips.Étoffes bariolées de lignes entrecroisées, les tartans rivalisaient d’inventivité pour offrir d’authentiques œuvres d’art en chaîne et trame. Des motifs singuliers qui inspirèrent probablement l’anglais John Rich lorsque, fraîchement débarqué aux États-Unis, il ouvrit sa première filature de laine en 1830 : Woolrich Woolen Mills.
Fils d’un cardeur britannique, il est tout sauf étonnant de retrouver une évidente inspiration tartan dans le chef-d’œuvre de John Rich : la chemise noire et rouge « Buffalo check ».
Sur les étiquettes de ces chemises iconiques, nous pouvons lire : « En 1830, John Rich ouvre sa première filature de laine à Plum Run, en Pennsylvanie. Vingt ans plus tard, en 1850, l'emblématique chemise à « carreaux buffles » est produite pour la première fois par Woolrich. La légende prétend que son nom fait écho au troupeau de buffles dont John Rich était propriétaire, lequel estimait que le nom « buffalo check » s'accordait bien avec le design robuste de la chemise. Une histoire simple pour un motif emblématique ». Crédits : Arcane supply
Lourde, chaude et indestructible, elle séduit immédiatement les cowboys, bûcherons et agriculteurs. En pleine conquête de l’ouest, elle accompagne aussi les pionniers, au point de devenir en quelques années le symbole d’une Amérique travailleuse et conquérante.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la figure allégorique des États-Unis, incarnée par le mythique Paul Bunyan, est vêtue d’une telle chemise à carreaux.
Statue de Paul Bunyan à l'entrée de Bangor dans l'État du Maine. Crédits : Dennis Jarvis.Tout en restant fidèle au vestiaire workwear, elle aborde à partir des années 1920 un virage vers la garde-robe des citadins. Bien aidée par la musique et le cinéma, elle fait des émules en ville et se conforme bientôt au mode de vie des urbains.
De la plaid shirt en flanelle de Marilyn Monroe à celle de Kurt Cobain au London Astoria en 1990 en passant par la chemise vichy de James Dean dans « À l’est d’Eden » et le quatuor des Beach Boys, la seconde moitié du 20ème siècle a fait la part belle à la chemise à carreaux. Et ce n’est pas fini.
La Chemise à carreaux chez Hast
Depuis 2012, la chemise est le cœur battant du vestiaire Hast. C’est autour d’elle que se construit l’ensemble de notre vestiaire, dans le respect des principes de justesse et d’honnêteté qui président à leur élaboration depuis plus de 10 ans.
Aux côtés de l’inévitable chemise blanche, de la non moins fameuse chemise bleue et de l’essentielle chemise rayée, la chemise à carreaux nous a vite semblé incontournable.
Fidèle à l’ambition de créer des vêtements exceptionnels adaptés au quotidien, nous avons imaginé des chemises simples et intemporelles, travaillées dans des matières naturelles en collaboration avec les meilleurs ateliers européens.
Conformément aux quatre catégories habituellement retenues dans l’univers textile, vous trouverez sur nos cintres :
- des chemises à carreaux-fenêtres. Géométriquement, c’est le carreau le plus simple. À l’œil, c’est aussi le plus évident. Côté tissage, lignes horizontales et verticales se croisent à la perpendiculaire pour former ce quadrillage parfait. Austère pour certains, fondamental pour d’autres. Radical et particulièrement graphique, il constitue un parti-pris fort.
- des chemises vichy. Plus expressif, le motif vichy se construit autour d’une armure toile bicolore dont l’enchevêtrement des fils forme un quadrillage assez franc. Associé à la ville thermale française où il fût longtemps fabriqué, il est apprécié pour sa consistance et sa capacité à étoffer une tenue trop lisse.
- des chemises tartan. Ancêtre des deux précédents, le tartan est de (très) loin le plus créatif des carreaux. Hérité de la culture celte, il multiplie les rayures verticales et horizontales pour offrir des motifs divers et variés, plus savoureux les uns que les autres. À l’époque, chaque clan avait le sien, et il était temps que Hast en fasse autant.
- des chemises pied de poule. Sans être un carreau à proprement parler, ce motif évoque un quadrillage du fait de sa disposition en échiquier. À l’image de ses petites et grandes variantes (respectivement « pied de puce » et « pied de coq »), il offre un damier joliment déstructuré qui allie rigueur et l’originalité.
Pour élargir encore le champ des possibles, nous avons travaillé chacun de ses carreaux dans différentes tailles et différents coloris, mais aussi sur différents tissus.
À titre d’exemples, vous trouverez le carreau-fenêtre sur une chemise formelle en twill double-retors aussi bien que sur une chemise décontractée en flanelle de coton. De la même façon, le vichy habillera aussi bien une chemise casual texturée qu’une élégante chemise cintrée en popeline. Idem pour le tartan et le pied de poule, que vous verrez dans un registre détendu aussi bien que sur une chemise en oxford plus habillée.
Et pourquoi pas à l’affiche d’une surchemise ?
De l’art subtil d’associer le carreau
Si joli soit-il, le carreau est un motif fort. Très chargé visuellement, il supporte mal la surenchère, raison pour laquelle nous vous recommandons de l’entourer sobrement.
Si vous optez pour une chemise à carreaux, il serait heureux de l’accompagner de pièces unies, de préférence dans des tons proches de la chemise en question.
Surtout, veillez à éviter la superposition des motifs. À l’image des rayures, les carreaux supportent difficilement la cohabitation. Au risque de surcharger votre composition, nous vous déconseillons donc d’associer une chemise pied de poule et une veste prince de Galles, ou un pantalon carreaux-fenêtres et une surchemise tartan.
Vous connaissez le dicton : carreaux + carreaux = la tête à Toto.
Un mot sur le reste de notre vestiaire
Si la chemise est l’astre autour duquel tourne notre vestiaire, il ne faut pas oublier le reste de nos étoiles. Parmi elles, nombre de nos créations se sont parées du motif carreau pour affirmer leur caractère, ce qui vous permettra d’apprivoiser ce motif de différentes manières.
C’est le cas de certains caleçons, upcyclés à partir des chutes de tissu de nos chemises.
C’est aussi le cas de nos écharpes, confectionnées au Royaume-Uni dans les mythiques ateliers Moon, et dont certaines allient la douceur de la laine mérinos à la beauté du carreau.
Il en va de même pour nos cravates, au fronton desquelles vous devinerez dans certains cas un joli motif Prince de Galles. Variante élégantissime du tartan, ce motif est une petite merveille pour apporter une note de sophistication discrète à vos tenues habillées.
Le mot de la fin
Merveilleuse alternative à l’uni, le motif carreau est une véritable déclaration de style. Intimidant au premier abord, il dissimule un potentiel prodigieux qu’il ne tient qu’à vous de débloquer.
Tantôt formel dans son format réduit et discret ; tantôt décontracté sous sa forme imposante et ostentatoire ; il permet des associations habillées ou casual, extravagantes ou passe-partout.
En flânant sur notre nouveau site internet ou dans les allées de nos boutiques, vous découvrirez l’hommage rendu par nos soins au prince des motifs… et envisagerez peut-être d’en faire autant.