Pendant tricolore du denim états-unien, la moleskine est une matière confidentielle peu connue du grand public. Contrairement à son homologue nord-américaine, elle ne s’est jamais véritablement affranchie du vestiaire workwear, ce qui ne l’empêche pas d’épauler ces Messieurs depuis plusieurs siècles.
Pour nous qui considérons que l’amour du vêtement et celui des matières ne font qu’un, il était important d’éveiller cette belle endormie, championne discrète du patrimoine textile tricolore.
Toutes de moleskine vêtues, nous vous proposons de (re)découvrir trois vestes de travail, et avec elles une étoffe aussi humble qu’époustouflante.
Alliée historique de la France du travail
Si la moleskine est aux ouvriers français ce que le denim est à leurs confrères outre-Atlantique, c’est avant tout grâce à ses propriétés uniques. Travaillée dans une armure satin extrêmement dense et serrée, ce tissu se révèle à la fois chaud, souple, isolant et quasi-indestructible.
Obtenue par un entrecroisement irrégulier des chaînes et des trames, l’armure satin est d’aspect lisse et brillant, sans endroit ni envers. Plus uniforme que la toile ou la serge, elle est également moins froissable.
Depuis son invention au 17ème siècle, elle a été traitée de différentes manières : enduite d’un vernis, rasée pour approcher la finesse du velours ou encore grattée pour cultiver une texture duveteuse. Du reste, c’est cette douceur qui lui a donné son nom, mole skin signifiant littéralement “peau de taupe” en anglais.
Utilisée comme couverture de livre puis en tant que doublure, elle s’impose sur le devant de la scène textile dès la fin du 18ème pour accompagner la révolution industrielle.
Épaisse et compacte, la moleskine protégeait alors les ouvriers des fonderies et des aciéries, largement exposés aux éclats. Vent, pluie, usure, flammes, abrasion, métal fondu, vapeur d’eau : elle résistait à tout grâce à sa densité et sa déperlance naturelle, ce qui en fît rapidement l’alliée naturelle de tous les travailleurs manuels.
Matière technique avant l’heure, elle séduit un certain Adolphe Lafont, chef d’entreprise visionnaire et propriétaire de la première marque de vêtements de travail en France. Au début du 20ème siècle, ce dernier prit le parti de créer des habits adaptés à chaque profession, avec une couleur consacrée pour chaque corps de métier. Pour la première fois, la moleskine se para alors de blanc chez les peintres, de noir chez les charpentiers et de bleu chez les mécaniciens-chauffeurs (le fameux « bleu de chauffe »).
Crédits : Maison lafont
Hast et la moleskine revisitée
Étoffe relativement lourde, tissée très serrée dans une armure satin impénétrable, la moleskine est une matière qui escorte les travailleurs depuis des décennies avec une rigueur inchangée. Main de fer dans un gant de velours, elle est à la fois robuste et soyeuse, ce qui la rend aussi fiable qu’agréable à porter.
Regrettant de la voir cantonnée à la sphère workwear, il nous a semblé important d’intégrer cette splendeur à notre vestiaire. Tant pour ses propriétés que pour la singularité de sa main, nous avons considéré que la moleskine méritait une place de choix sur nos portants (comme dans vos vies), raison pour laquelle nous en avons habillé les trois vestes que voici :
- Si vous connaissez Hast depuis plus d’un an, vous reconnaîtrez probablement la première. Issue de notre collection automne-hiver 2023, notre veste de travail en moleskine marron présente un aspect suédé élégant avec son armure satin 100% coton. Tissée et ennoblie par une prestigieuse Maison italienne, celle-ci a été rasée selon la méthode traditionnelle pour obtenir cet authentique effet velouté qui évoquerait presque le daim. Une matière durable 100% naturelle qui prend admirablement la lumière.
- Pensées dans le cadre de la collection automne-hiver 2023, les deux autres sont en revanche inédites. En prenant plus de liberté par rapport aux conventions, nous avons travaillé un tissu moleskine gratté. En regardant de plus près, vous verrez que nos vestes de travail vertes et marine sont plus duveteuses que leurs consœurs camel. Ouvragées dans une étoffe plus lourde (316 gr/m2 contre 250 gr/m2), ces deux nouveaux modèles s’inscrivent dans une veine plus élégante, bénéficiant d’un charme délicieusement rétro.
Si la moleskine est à l’honneur sur ces trois pièces, et avec elle la possibilité de vous démarquer subtilement, force est de reconnaître qu’il existe une légère différence de registre entre la première et les deux autres. L’une est plus typique, dans la droite ligne des vestes de travail d’époque ; cependant que les secondes revendiquent moins l’héritage que la créativité.
Outre cette variation, grâce à laquelle vous pourrez cultiver un style workwear ou animer une tenue casual chic, vous retrouverez sur chacune d’elle tous ces détails qui n’en sont pas : coupe droite ultra polyvalente, boutons effet corne, poches plaquées à rabat, poches intérieures, col chevalière savamment proportionné, poignets boutonnés et finitions soignées.
Faîtes la différence avec nos vestes de travail en moleskine
Vous le savez probablement : la veste de travail est l’une des pièces maîtresses du vestiaire Hast. Après la chemise, c’est sur elle que nous avons rapidement jeté notre dévolu, bâtissant au fil des ans une solide expertise en la matière. Parallèlement, elle semble avoir inspiré de nombreux acteurs du secteur, au point de devenir un véritable basique de l’habillement masculin.
Dans ce contexte, nos vestes de travail en moleskine s’offrent à vous comme des alternatives équilibrées entre exigence et originalité. D’un côté, leur design et notre savoir-faire sont une promesse de polyvalence et de durabilité ; de l’autre, la singularité et la distinction de cette matière vous garantissent de vous démarquer.
Dernière corde à son arc, et pas des moindres, la veste de travail en moleskine maîtrise l’art tant convoité de la tempérance. Peu importe la tenue avec laquelle vous déciderez de la marier, elle saura souligner sa prestance, élever son allure ou contenir ses ardeurs.
Lumineuse et simplissime à porter, elle saura jouer de ses lignes nettes et de son héritage workwear pour sympathiser avec vos compositions décontractées, vos complets habillés, vos créations formelles et vos combinaisons plus osées.
Particulièrement adaptée à l’automne et à l’hiver, cette pièce - que certains jugeront forte - vous permettra de composer des layerings éblouissants. En jouant sur les couleurs et les textures, vous libérerez son plein potentiel et aurez vite du mal à vous en passer.
Un mot sur l’entretien
Si solide soit-elle, la moleskine n’en demeure pas moins délicate et assez peu friande des lavages en machine. Pour maximiser son espérance de vie, nous vous conseillons de l’emmener au pressing une fois par an afin de procéder à un nettoyage à sec qui lui rendra tout son lustre.
Entre chaque port, l’accrochage sur un cintre en bois à épaules larges est vivement conseillé, de même qu’une aération d’une heure minimum à l’air libre.