Oser la veste croisée

Élégante parmi les élégantes, la veste croisée compte au nombre de ces pièces qui laissent dans leur sillage un murmure où se mêlent émerveillement et stupéfaction. Frappante par sa prestance, troublante par sa majesté, elle impose le respect et force l’admiration. Qu’elle attire les hommages ou les convoitises, elle ne laisse personne indifférent ; et celle que nous vous présentons aujourd’hui ne fait pas exception.

Lumière, moteur, action.

Aux origines de la veste croisée

Avant d’être la sœur de la veste droite, la veste croisée est d’abord la fille du caban. Inspirée de ce court manteau marin à double patte de boutonnage, elle apparaît sous sa forme moderne au milieu du 19ème siècle. Travaillée dans un tissu plus léger, elle conserve l’ingénieux système de fermeture qui permettaient aux matelots d’attacher leur laine d’un côté ou de l’autre selon le sens du vent.

Valorisé pour sa puissance esthétique davantage que pour ses propriétés coupe-vent, le boutonnage croisé fascine depuis près de 200 ans sur la terre ferme. Au fil du temps, il est allé et venu sur les épaules de ces messieurs, habillant tantôt les uns et tantôt les autres ; feignant de décliner pour mieux revenir une décennie plus tard.

Avironistes des prestigieuses universités anglaises, militaires de la Royal Navy, acteurs, aristocrates, nostalgiques d’une certaine idée de l’élégance classique, politiciens, gangsters, chantres du dandysme, loups de Wall Street, amateurs d’art sartorial : nombreux sont ceux qui ont succombé aux charmes de la veste croisée en deux siècles d’histoire. Et pour tout vous dire, nous comprenons pourquoi.

Anatomie d’une veste hors-normes

Comme la veste de costume, la “double breasted jacket” (telle qu’on la nomme en anglais) est une pièce à manches qui possède une ouverture ventrale et deux revers au niveau de la poitrine. Néanmoins, elle s’en distingue par ce boutonnage singulier qui voit un pan de la veste enjamber le second dans un geste plein de grâce. Au-delà de l’impression visuelle, cette manière de fermeture implique une construction particulière qui conditionne certains caractères propres à la veste croisée : 

• Ses revers sont généralement plus larges. Sens des proportions oblige, les revers des vestes croisées flirtent régulièrement avec la barre des 10 cm de largeur, tandis que ceux des vestes droites ne s’aventurent guère au-delà des 7-8 cm.

• Elle affectionne les revers en pointe. Si le revers cranté est monnaie courante du côté des vestes droites, les vestes croisées préfèrent quant à elles les revers en pointe. À nouveau, tout est affaire d’harmonie visuelle, et ce type de revers offre effectivement un meilleur écho au “V” dessiné par cette encolure généreuse.

• La configuration des boutons est primordiale. Qui dit boutonnage croisé dit répartition des boutons de part et d’autre de la veste, et ce détail est à lui seul un monde. Pour faire simple, nous ne citerons ici que les deux dispositions les plus fréquentes : le 6x2 et le 4x2 (prononcez “6 en 2” et “4 en 2”). Le premier chiffre traduit le nombre total de boutons visibles, tandis que le second indique le nombre de boutons fonctionnels ; les autres assurant une fonction purement esthétique pour assurer la symétrie.

Notre veste croisée version automne-hiver 2025

Pour la saison à venir, nous avons édité une savoureuse veste croisée, veillant à y injecter les attributs propres au vestiaire Hast. Vous y trouverez donc l’élégance et la beauté inhérentes à cette pièce impressionnante ; mais aussi l’honnêteté, la justesse et la polyvalence qui infusent dans chacune de nos créations.

Respectueux des codes classiques, nous avons fait le choix d’une construction traditionnelle basée sur un boutonnage croisé 6x2 ouvrant sur des revers en pointe de 10 cm. Parallèles aux anglaises verticales, deux milanaises jouent le jeu de la symétrie sur les rives de ces derniers. De leur côté, les épaules assument un tomber naturel avec une structure légère qui évoque subtilement l’art tailleur italien. En bas, une paire de poches à rabat apporte de la structure à la moitié inférieure de la pièce, tandis que le délicat motif Prince de Galles offre à l’ensemble une élégance précise et un raffinement absolu.

Mais ce n’est pas tout. Vous savez l’importance que nous accordons à l’éco-conception de nos vêtements comme à la richesse de leurs finitions, et nous avons poussé le curseur très loin pour mettre au point celle-ci. Travaillée en 100% pure laine tissée en Italie, elle bénéficie d’une construction semi-entoilée assurée au Portugal. 

Si vous n’êtes pas familier de cette technique de montage, sachez qu’il s’agit d’une méthode exigeante qui nécessite de coudre une toile tailleur au niveau du plastron de la veste pour assurer une meilleure durabilité, une souplesse totale et une allure fluide sur le torse. Un détail qui n’en est pas un et que l’on trouve habituellement sur des gammes de prix nettement supérieures. 

Cerise sur le gâteau : nous vous avons ajouté une sangle d’ajustement à l’intérieur de la veste. Fantaisie de tailleur qui a toutefois son importance puisqu’elle assure un tomber absolument parfait.

L’art subtil de porter la veste croisée

À la regarder, nombre d’hommes seraient tentés d’y voir la plus formelle des vestes formelles. L’équivalent pour le buste d’un pantalon à double plis, si vous préférez. Et pourtant.

Et pourtant, la veste croisée peut parfaitement s’envisager dans un registre plus souple, à condition de la dépareiller. Il faudra alors marquer une rupture nette entre le haut et le bas de la silhouette, en convoquant un pantalon beaucoup plus décontracté. Nous avons privilégié un velours côtelé clair ici, mais un jean brut aurait également fait l’affaire, de même qu’un chino coloré.

Bien entendu, les tenues habillées demeurent l’habitat naturel de la veste croisée, et rien ne lui fera plus plaisir que le contact d’une chemise formelle nouée d’une belle cravate et d’un pantalon à pinces.

Du côté des souliers, tout dépendra de l’alternative que vous avez choisie. Si vous êtes parti du côté casual chic, des sneakers minimalistes peuvent pertinemment accentuer la notion de décontraction. Si vous avez mis tapis sur l’élégance, en revanche, une paire de souliers en cuir bien cirés paraît indispensable. Quant aux mocassins, ce n’est plus un secret pour vous : ils savent tout faire.

Le mot de la fin

Fille du caban et sœur de la veste droite, icône des pièces formelles à l’aise loin de sa zone de confort, chef-d’œuvre esthétique, merveille incontestée du vestiaire masculin, la veste croisée compte parmi ces pièces mythiques qui font de l’habillement un véritable art de vivre.