Le terme denim nous apparaît familier. Comme entré dans le vocabulaire collectif. Il s’utilise facilement, trop souvent comme synonyme de jean, et nous renvoie à un imaginaire particulier, allant des westerns américains aux jeans slims des années 90. Aujourd’hui, le denim est largement utilisé dans l’industrie de la mode, et se dérive aussi bien en jeans qu’en vestes de travail, mais également de manière moins traditionnelle, en robes, chaussures, ou même sacs. Chez Hast, nous aimons le denim, quand il est de qualité, et l’utilisons depuis toujours pour des pièces fortes comme les surchemises ou les vestes. Petit tour d’horizon de son histoire, et de ses utilisations.
Petite histoire d'un tissu légendaire
Il n’est pas simple de dater précisément les premières utilisations du tissu denim. On s’accorde cependant à situer son origine dans la ville italienne de Gènes quelque part au cours du 19ème siècle, puis plus tard de la lier à un tissu utilisé dans la ville française de Nîmes – d’où le terme « denim ». Pourtant ce sont bien nos collègues américains qui démocratisent et développent réellement le denim. Plus précisément, le californien Levi Strauss, qui commercialise ce tissu à San Francisco dans les années 1870 pour les fermiers et ouvriers américains. Un de ses acheteurs, Jacob Davis, a l’idée révolutionnaire de renforcer les coutures un peu faiblardes des pantalons avec des rivets en cuivre – nait le jean. Longtemps vulgarisé par le cinéma ; les imaginaires de la ruée vers l’or et des films de cowboy, le jean devient rapidement un symbole de la pop culture, un attribut de bad boy, mythe d'une virilité toute américaine.
Au fur et à mesure de l’évolution sociale de nos sociétés, le jean s’insère dans différentes sphères et sous-cultures ; se déplaçant du far West vers le street wear, devenant une pièce caractéristique de la démocratisation du vêtement.
De Marlon Brando dans l’Échappée Sauvage incarnant le mythe de la liberté hollywoodienne, aux stars du rap américaines privilégiant le style « baggy », en passant par les hippies de Woodstock aux accoutrements déchirés, le jean a suivi, comme nombre d’autres pièces iconiques telle la veste en cuir, l’histoire de nos sociétés et de ses évènements politiques et sociologiques (ruée vers l’or, guerre du Vietnam, chocs pétroliers).
De nos jours, le denim sous forme de jean est une des pièces les plus portées au monde. Selon un reportage sur le sujet réalisé sur Arte par Thierry Aguila, il existerait plus de 7 jeans par personne dans le monde. Symbole de modernité et de confort, puis de sensualité dans les années 90 (quand le vêtement se fait de plus en plus proche du corps), cette pièce vestimentaire dispose d’une force symbolique toute particulière. Aujourd’hui, l’armure denim est de plus ou moins bonne qualité et utilisée non plus seulement pour des jeans ou des vestes, mais bien pour l’ensemble du vestiaire contemporain.
Caractéristiques techniques et enjeux contemporains
Le denim est un tissu en coton, historiquement teinté en indigo, avec une armature dite sergé. Le sergé est une des principales armures existantes dans le tissage et dispose d’un effet diagonal facilement reconnaissable à l’œil nu.
C’est un textile teint, qui se délave au fur et mesure de ses utilisations, retrouvant petit-à-petit la couleur blanche du coton originel. Cet effet délavé, ainsi que la surface diagonale du tissage en sergé, donne aux pièces en denim une singularité particulière, celle d’un vêtement un peu grossier, mais finalement unique et même cool. Ce tissu est utilisé depuis le 19ème siècle, principalement pour sa robustesse. A l’origine, les qualités de denim en faisaient des tissus très solides, épais, utilisés par les classes ouvrières et agricoles et les chercheurs d’or. Le développement de la fast-fashion pendant la seconde moitié du XXème siècle a malheureusement favorisé le développement de toile de denim de faible qualité, dont les fils de coton étaient plus fins (un fil au lieu de trois entrelacés, pour les tissus de belle qualité), et donc moins solides (mais aussi moins chers à produire).
Les États-Unis, premiers producteurs de denim au monde se tournent vers la production de masse, utilisent des machines plus rapides mais moins performantes et se débarrassent leurs métiers à tisser.
Le Japon, longtemps fasciné – depuis la fin de la seconde guerre mondiale - par le style de vie américain, décide de préserver le savoir-faire du denim, en rachetant les métiers à tisser et en développant des techniques de teinture douces. Les denims japonais font aujourd’hui partie de leur grand savoir-faire en terme textile, avec des épaisseurs de tissus aujourd’hui rares.
Le denim reste donc un des tissus les plus populaires, de par sa force symbolique, ses coupes dérivées à l’infini et son style casual indémodable. Longtemps délavés à l’aide de produits chimiques, les denims sont aujourd’hui usés – et ce de plus-en-plus, croisons les doigts - à l’aide de nouvelles techniques réellement moins polluantes comme le délavage à l’ozone. Le denim, fort de son histoire, saura, on l’espère, continuer à repenser son industrie pour évoluer, lui aussi vers une production à faible impact environnemental, que ce soit à travers son utilisation en upcycling ou grâce à l’amélioration des techniques de recyclage.